quinze poetes roumains-
choisis par domitru tsepeneag
quinze poètes roumains
choisis par dumitru tsepeneag
PRÉFACE
Ceci n 'est pas une anthologie.
Ce n' est qu' un choix personnel et il aurait pu être plus subjectif encore. Si finalement je ne suis pas limite à mon " groupe oniriste " et aux poètes voisins, apparenté à ce groupe, ce n' est pas à cause d' une quelconque obligation envers l' histoire littéraire, mais d' un certain électrisme qui m' a toujours empécher de tomber dans dans ce que certains appelant ke fanatisme de l' avant garde. La vérité, c' est que j' aime aussi
d' autres poètes que les " oniristes". J' ai de l' admiration pour Sorin Marculescu qui a toujours refusé la théorie oniriste, ainsi que pour Dan Lautentiu ou pour une jeune poète comme Mircea Cartarescu. Je ne méprise pas non plus des poètes comme Mircea Ciobanu ou Marin Sorescu : mais le premier est trop difficile à traduire et le second trop facile, il a été traduit souvent et un peu partout.
Il est vrai que j' aime aussi d' autres poètes que les "oniristes" mais pas tous ...
Tout choix est frustrant. D' abord pour celui qui le fait. J' aurais voulu publier les poètes " anarchistes" se l' immédiat après guerre, les premiers sacrifiés par le régime communiste : Constant Tonegaru. Malheuresement, leurs livres sont presque introuvables, même en Roumanie.
D' une certaine manière, mon choix doit être encore plus frustrant pour les poètes et les critiques roumains habitués à une autre échelle de valeurs, celle imposée tant d' années par l' histoire et la critique littéraire. Triomphe de la persuasion : on a fini par y croire. Pendant que la raison critique somnolait, le bonimenteur du parti imposait sa raison. Il y avait une acceptation subliminaire soeur de la résignation. Que je sache, personne n' a proteste contre la récente Histoire de la littérature roumanie se Ion Rotaru, publié en 1987. Sorin Marculescu y figure avec trois lignes, Leonid Dimov avec trois pages et Adrian Pauescu avec trente. Ce dernier est présenté comme " le plus important, le plus grand poète de nos jours ." Vous ne savez pas qui est ce personnage ? Mais si, les téléspectateurs francais l' ont vu dans l' un des nombreux reportages sur la
" révolution" roumaine : grand, gros, suant de peur, Paunescu, le poète officelle du régime Ceausescu, sur le point de se faire lyncher par la foule, pour se sauver, ne trouva refuge qu' à l' ambassade des États Unis.
Des impératifs idéologiques ou simplement politiques ont souvent faussée le jeu rarement innocent de la hiérachie dans la littératures. Ce qui est plus grave qu' on ne
l 'imagine dans un pays oú la poésie avait, et aura encore pour quelque temps, du prestige.
En général, l' idée du prestige de la poésie dans les pays de l' Est circule chez nous, à
l' Ouest, sous forme de stéréopype : on hausse donc les épaules et on ne cherche guère les raisons de ce fait dont l' évidence est acceptée avec un petit air ennuyé. On ne passe que trés rarement au-delà d' une explication sociologisante et superficelle avant comme point de départ et comme mesure de toute chose notre société de consommation. Approfondir l' analyse conduirait à sortir cette constatation de la condition de stéréotype, à lui permettre d' engendrer des idées parfois initantes mais qui donnent sans doute envie de continuer la réflexion sur le retrain de notre propre société.
Le régime totalitaire de type stalinien qui, à contre-courant, se prlongeait en Roumanie plue qu' ailleurs, reposait sur la peur et le respect, presque animiste, des mots. Cela crée évidemmenrt des tabous, et donc de la censure, mais aussi une sorte de tension linguistique favorable à la poésie et à sa réception. Dans ces conditions, les mots gardent plus de poids, conservent mieux leur charge amphibologique.
Il y avait donc d' une part de la langue de bois qui réglait les relations entre l' État dictorial et ses sujets; et de l' autre, la vraie langue dont usaient seulement les poètes, et les écrivains en gènéral . Elle n' e1tait donc nullement menacée; ni par les journalistes qui avaient la même language de bois que les politiciens, ni par les publicaraires, puis-quils n' existaient pas. Á l' abri de ces grands dévoreurs de langue, le roumain conservait et conservera encore quelque temps une partie de sa frai^cheur
d' avant l' aphabérisation mondialement forcée; il y a encore des recoins que seuls les poètes fréquentes, avec des gestes respectueux, de rituel.
La liberté d' usage, sans restriction, l' utilisation à l' échelle " industrielle" de la langue pur des buts publicataires et journalistiques mènent en Occident à une sorte d' infiges- tion linguistique, à un déjà vu permanent, néfates pour la littérature en gééeral, et surtout pour la poésie. Par exemple, la pratique des jeux de mots introduite abon- damment par Libération dans le journalisme francais est en train de priver la poésie d'une de ses sources les plus importantes.
Le prestige de la poésie en Roumanie, involontairement renforce par le pouvoir politique, était également valide par celui ci sur le plan social. Comme au XIX e siècle, le poète pouvait se dresser devant le tyran et devenir son adversaire, tel Mircea Dinescu qui, la persécution aidant, était implicitement légitime dans ce rôle privilégie. Nulle
part ailleurs en Europe ce face à face n' aurait été possible. Souvenons nous des efforts de [Jean-Paul] Sartre dans ce sens, sans résultat. Et de ceux, caticaturaux, de Jean-Eden Hallier. C' est que l' État démocratiquea fini par découvrir son arme absolue: la liberté d' expression. Dans la Roumanie de Ceausescu, pays anachronique, le pouvoir recourait encore aux armes primitivd de la répression statisque: considérer la répression comme efficace dans la mesure où l' exemple de Dinescu n' à été suivi que par une poignée d' écrivains.
Mais la poésie était déjà sortie essentiellement victorieuse de ce combat contre un pouvoir politique archaique. De Nichita Stanescu, Dimov, Turcea, Mazilescu, qui sont morts poétiquement debout et dont le prestige ne fait que s' accroi^tre, jusquà Doinas, Marculescu. Ana Blandiana, Dinescu et des plus jeunes comme Stratan, Cartarescu, Iaru et autres, morts ou vivants, les poètes roumains ont gagné plus qu' une bataille politique: à l' approche de l' an 2000, la poésie roumaine est florisante.
Reste à faire passer ailleurs ce message optimiste. Se pose donc le problème de la tra-duction. Au lieu de me plaindre des difficultes, cette fois et objectives, de cette
ta^che ardue, je voudrais pluto^t remercier les poètes francais comme Michel Deguy, Bernard Noel, Pierre Oster ou Christian Audejean qui m' ont aidé de temps à autre à trouver les équivaleurs francais, fassent ils approximatifs, des vers roumains. Je tiens également à remercier Alain Paruit aui a accepté de consacrer du temps à une activité aussi peu lucrative que la traduction de la poésie ...
DUMITRU TSEPENEAG
GELLU NAUM
Né en 1915, il appartient, avec Gberasim Luca, Paul Pàun et Virgil Teodorescu, à la deuxième vague de surréalisme roumain.
Il débute en 1930 ( Le Voyageur incendiaire) pendanr qu' il fait ses études de philo à Bucarest et puis à Paris. Après la guerre, avant que le réalisme socialiste ne s' installe en Roumanie, il a le temps de publier plusieurs plaquettes (Medium, 1945) -- Le Terrible interdit, 1945 --Le Chateau des aveugles, 1946 où il se propose, entre autres,
" la libératiuon des l' objet", car chaque objet porte un "message secret" que le poète doit déchiffrer.
Au début de la période stalinienne, il essaie de composer, de ménager la chèvre surréaliste et le choit prolétaire. Cela ne mène pas loin. Par la suite il se tait ou bien écrit des livres pour enfants. Vers la fin des anéées 60 -- au moment du "dégel"! -- il se retourne au surréalisme, mais cette fois-ci sans plus aucune ambition théorique. Il a pourtant garde son mépris pour la poétique traditioneelle et son humour noir. En fait il publie maintenant une partie de sa production ancienne ainsi que celle, clandestine, du moment jdanovien.
Dans La Pratique de mon père (1972), il dépasse le surrélaisme dans une direction assez proche de celle empruntée par les jeunes "onitristes" de l' epoque.
Plus tard, dans La Description de la tout (1976), il recommence à chercher le message caché dans les objets quotidiens, en reproduisant les images des catalogues de vente
d' avant guerre accompagnées par des légendes d' une incognité calcullée.
Dans les annÉes 80, il publie assez peu.
LES SECRETS DU VIDE ET DU PLEIN
Gellu Naum
Il réchauffait sa langue au soleil
Il plantait son petit doigt dans la terre afin qu' il fkeurisse,
Il se trottait les mains lorsqu' il avait froid
Il enfilait ses bas tandis qu' il se murait
Il s' enfermait à clé pendant qu' il se coiffait
Prenait un miroir alors qu' il s' enfuyait
Quand il regardait l' eau, des cercles se formaient
S' il quittait ses bretelles, ses jambes tombaient.
TRADUIT PAR CHRISTIAN AUDEJEAN
et DUMITRI TSPENEAG
LES BUSTES ESPÉRANCE
Couché sur son buste sur une i^le de Pâques
tel un mouchoir sur le front d' une statue
j' avais la double vue du soupirant mais n' exagérons rien
ils posait des offrandes sur le plateau de notre balance
nous de1pensions le4s sous buvions du café
lorsque nous levions le menton nous nous libérions
de ce que nous sommes pour les autres
mais elle est déjà fatigué casse la bouteille
LES NAGEUR DE FER
Je repeuple d' après ma science
les personnes en deuil sont assises sur les chaises
je leur passe les bagues de reconnaissance
aux doigts et aux oreils
lorsqu' elles pouront rêver dans mon sommeil
PèÈMES TRADUITS PAR DIMITRU TSPENEAG
gellu naum
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