Thứ Bảy, 3 tháng 10, 2015

la femme enceinte du canal de đồng tháp / par thảo trường- trần duy hinh ( le crépuscule de la violence/ ed. trình bầy, saigon, 1970)

le crépuscule de la violence
ed. trình bầy - saigon, 1970.


           la femme enceinte du canal de
      đng tháp
            par thảo trường

                                                                    TRADUIT PAR R.P. NGUYỄN NGỌC LAN


     Le mince canal s' était du hameau de Cây Cờ Đen au district de Mỹ-an.  Sur une carte, il avait l' air maigrelet comme une aiguille à tricoter.  Le long du canal, le fouillis 
d' arbres luxuriants formait presque un tunnel de verdure par-dessus le sombre cours 
d' eau.  Il mesurait à peindre dix mètres de largeur.  Sur son eau trouble, flottaient quelques lentilles résignées à leur solitude.

     Des paillotes éparses se blottissaient sous les ombrages.  Une multitude de fossées reliaient les champs au canal.  Et partout, des ponts rudimentaires qui forcaient les sentiers étroits à suivre un tracé tortueux.

     La paillotte de 'Chị Tư' se trouvait à mi-longueur du canal, près d' un débarcadère.

     Elle y a vécu et grandi.  À l' exception de quelques mois passes au marché du district, où elle accomplisait une mission d'espionnage, elle ignorait tout de cette vie fiévreuses de par ce vaste monde.  Le canal l' a complètement emprisonnée dans un cercle de pauvres souvenirs bornés. En effet, elle n' a jamais été plus loin que le bout du canal, jamais
depassé le marche du district.

     Son mari a rallié le Nord depuis dix ans.  De temps en temps, des 'militants' venus de
 l' autre côté apportaient une lettre de son mari.  Invariablement, il disait qu' il se portait bien, qu' il ne pouvait pas encore rentrer à cause du service.  Elle et lui étaient à peine mariés depuis six mois, quand il partit avec les troupes communistes qui se retirèrent au Nord.  La jeune femme était restée avec sa belle- mère languissant dans ce petit coin.  La veille est morte il y a deux ans, rongée de peine pour n' avoir pas pu revoir son fils unique.  Depuis lors, 'Chị Tư' vivait seule dans la paillotte déserte.  Le soir, elle allait se mettre à l' ombre des bambous derrière la paillotte, promenait son regard sur la vaste étendue des champs désolés et pensait à son mari.  En ces moments, la solitude devenait une douleur lancinante qui grignotait tout son être, et ses larmes lui embuaient les yeux.

    Les premiers temps qui suivirent le départ du jeune homme, sa mère et sa femme vivaient avec l' espoir, d' année en année, de son retour.

    Il n' est jamais revenu.  Cependant quelques uns de ses camarades se sont déjà montrés.  Au début, ils firent des apparitions furtives.  Puis, après un certain temps, ils circulaient en plein jour, tandis que le rayon d'action des miliciens établis près du débarcadère se retrécissait.

    Puis une nuit, fusils et miltrailleuses font rage.  Le poste des miliciens est complè-
tement bru^lé.   Le lendemain, des avions vinrent bombarder tout le long du canal.  Les arbres, déjà minables, le devinrent encore davantage après cette tempe^te de feu et de fer.  Puis, ce fut tout.

    Les militants  continuaient à se faufiler de maison en maison.  Paroles murmurées, meetings.  Depuis ce jout, 'Chị Tư' faisait connaissance avec des mots Liberté, Démo-
cartie, Indépendance, Bonheur, Haine, À bas .. et d' autres encore.

    Mais  une année plus tard, l' armée nationale s' amena.  Et les 'militants' de se retirer.  Alors 'Chị Tư' et sa belle-mère devaient apprendre d' autres mots étranges.  Elles partici-paient à la construction d' un hameau stratégique, elles étudiaient le principe de la 'triple autonomie', le slogan de la 'triple conversation' à l' intérieur des barbelés et des diguettes. Le poste des miliciens, relevé de ses cendres, offrait un visage nouveau.  On gou^tait la paix pour un moment.

     Cependant les'militants' ro^daient de nouveau la nuit, recommencaient leur manège de propagande. Encore une mois, le poste ouvrit le feu, encore une fois, il fut bru^lé.  Le hameau stratégiques fut converti en hameau de combat pour le F.L.N.  Les 'militants' or-
ganisaient encore des cours d' instruction politique.  Ce fut vers ce inoment que la belle-mère de 'Chị Tư' mourut on ne savait pas trop de quelle maladie.

    Un jour, la jeune femme fut désignée pour une mission d' espionage au marché du district.  D' abord, elle refusa.  Mais quand elle recut une lettre -- l' exhortant à accompli son devoir patriotique , elle s' en alla vivre au marché du district, flanquée d' un 'militant' qui s' y présenta comme son frère.  Là, elle vendait du potage de riz et liait connaissance avec un soldat chargé des télécommunications.  La prétendu frère devint, lui aussi, un milicien du district.  À cette époque, le souvenir de son mari s' évanouit.

      En compagnie du soldat et du 'frère', elle a en effet, révécu jusqu' au désordre toutes les extases de volupté.  Elle se débattait sous les vagues de plaisir.  Mais un jour, quelque chose se meut dans son sein.   Ce premier mouvement la consterna.  Elle se demandait à qui appartient ce germe de vie ?  Au 'militant' ou au soldat?  Toute hébétée, elle voulait savoir à qui appartenait.  Peu lui importait qu' il fu^t à l' un ou l' autre, cependant elle était hantée par le souci d' en savoir le coeur net.  De nouveau  le souvenir de son mari 
l' aissaillait.  Elle abandonna la mission d' espionnage pour regagner la paillotte branlante. Elle sanglotait parce qu' elle ne pouvait pas savoir à qui appartenait le futur bébé.  Elle sanglotait parce que son mari n' était toujours pas revenu.   Alors seulement, elle comprenait que dans ces moments de voluptes partages avec le 'militant' ou le soldat et sans trop penser à son mari, elle avait cherché comme malgré elle à retrouver et à revivre la lune de miel d' ici y  y a dix ans.

    En tout cas le 'militant' de la F.L.N. ne tarda pas de la rejoindre dans son hameau.  Il ne pardonnait pas à la femme pour avoir laissé tomber sa mission.  Injures et brutalités même quand il couchait avec elle.  Avec le temps, le foetus s' agitait de plus en plus fort, et la femme grossissait toujours davantage.  Un jour elle lui demanda : " À qui appartient le bébé".  Il répondit: " Au Parti!"

     On lancait le mouvement de la défense du hameau.  Le 'militant' confia à 'Chị Tư' une grenade, lui ordonnant de tracer sur une planche un slogan anti-américain et de suspen-dre l' écriteau sur un arbre, avec, bien entendu, la grenade derrière.  Il lui montra la manoeuvre sous ses yeux, puis la défit et la laissa trvailler de ses propres mains.  
D' après le raisonnement du Parti, l' opération manuelle devait modeler l' esprit.

     Lourdement, 'Chị Tư' traca sur une planche de bois le slogan anti-américain.  Lourde-
ment, ellle transporta une échelle jus' quà l' arbre devant la paillotte.  Lourdement, elle cloua la planche au tronc d' arbre et y attacha la grenade.  Lourdement encore, en relia-t-elle la goupille à une branche d' arbre avec une ficelle fatale.  Tout cela sopus les yeux appobateurs du 'militant'.   La sueur ruisselait tout le long de son corps et trempait ses vêtements.  Elle se glissa en bas de l' échelle, rentra, changea d' habits, puis ressortir. Elle s' assit sur le seuil de la paillotte et ses yeux se fixèrent sur l' écriteau.

     Après avoir rangé l'échelle, le 'militant' vint s' asseoir à côté d' elle.  Les larmes em-
plirent les yeux de 'Chị Tư' à la vue de l' écriteau.  Elle regarda le 'militant', puis le conduisit au lit.  Elle le renversa sur le dos, éclata en sanglots: " Moi, je t'appartiens, ma paillotte t' appartient, ce bébé t' appartient aussi. Il doit être à toi ! " Le cadre balbutiait la poitrine de 'Chị Tư': " Il appartient au Parti ! Tout appartient au Parti! ".
   


La patrouille s' arrêta au hameu.  L' officier pénétra dans la paillotte de 'Chị Tư'.  Le 'militant'  n' était plus là.  Elle, assise  un grabat en bambou, regardait l' officier qui observait la chambre.  À l' extérieur, les soldats furetaient partout.  Un soldat entra, fit un bref rapport à l' officier: " Rien de suspect, chef, excepte un écriteau contre l' impé- ralisme américain."  Alors l' officier cria aux gens du dehors, interdisant qu' on toucha^t à cet écriteau.  Deux de leurs camarades venaient tout juste de périr, en arrachant impru-
demment une banderole d' un arbre : une grenade déchiqueta leurs corps.  L' officier se rendit après de l' arbre, observa, puis rentra dans la paillotte:
     " Qui a accroché cet écriteau là-bàs ? "
     " Moi, répondit ' Chị Tư' ."
     " Sors et enlève- le."
     " Oh non, je vous en prie ! Ca me tuera ! "
    L' officier se retourna:
     " Où est ton mari ? " 
     " Il est disparu depuis dix ans. "
     " Ralliement ? "
   Elle fit un signe de la tête.
    " Alors va descendre l'écriteau !  Tu l' as bien accroché, n' est-ce pas? Alors tant pis pour toi ! "

      'Chị Tư' n' esquissait pas le moindre mouvemewnt.  L' officier tira alors son pistolet.  Un déclic.  Affolée,  elle leva lourdement.  Lourdement, elle prit un bâton.  Lourdement s' approcha-t-elle de l' arbre, et lourdement leva le bâton, asséna un grand coup sur
 l' écriteau.  La grenade est projetée par terre.  Terrifiée, la femme s' enfuit.  Les soldats s' applatissent par terre.  Mais la grenade n' éclata pas.  'Chị Tư' tomba de tout son long sur le seuil de la porte, face contre terre.  Les larmes lui emplirent les yeux. Elle s' éva-
nouit ...

     L' enfant dans son sein a senti le choc. L' officer transporta la pauvre femme dans la paillotte et la déposa sur le lit.  Il la soigna.  Toute la nuit, la fièvre bru^lait son corps torturé.  De temps à autres, elle entra en travail.  L' officier se tenait à côté de son lit.  La lampe à huile projetait des ombres hallucinantes sur la cloison rugueuse.

     Vers le matin, elle donna naissance à un garcon avant terme.  L' officier la délivrait.  Il faisait ce travail avec application.  Le bébé vigoureux poussait des cris qui la réjouissaient manifestement. Il ne cessait de tâcher le front de l' accouchée.  Elle reprit connaisance et lui sourit.  Il répondit par son propre sourire. 

     Le lendemain matin, le médecin de l' unité demeure à un kilomètre de là, fut invité à venir de soigner la mère et le bébé.


    Quelques jours après, l' officier se rendit au bateau de la Mairie que l' on venait de rétablir encore une fois à l' intérieur du poste, pour faire enregistrer la naissance du bébé.  On demanda à 'Chị Tư' le nom de son père.  Elle secoua la tête.  " Il n' en a pas".
 L' officier donna alors au bébé son propre nom de famille.  De retour à la paillotte, il tâta le front de 'Chị Tư' et celui du bébé, disant à la femme qu' il avait sans doute beaucoup
 d' enfants sans trop savoir où ils se trouvent.  Il n' avait jamais déclaré à aucun d' eux.  Aussi le faisait-il cette fois pour le bébé.



                                                          AVIS
                            AU GARCON QUI PARTAGE MON NOM DE FAMILLE

     Dans vingt ans, tu seras devenu un homme (cet avis ne t' est destiné que lorsque tu dépasseras tes vingt sans.)  Je ne sais pas dans quelles circonstances, ni dans quelle société tu vivras à ce moment là, mais je ne te demanderai qu' une chose : Avant d' agir, avant de lutter, avant de faire une révolution, avant de manifester, avant de monter un Coup d'État, avant de partir en opération, avant de pre^cher sur l' Illuminé, avant de prier ton Dieu, avant toute discussion, avant toute partie de débauche, avant de démo-
lir, avant de te sacrifier, c'est-à-dire avant toute décision, je t' en supplie, passe à cette malheureuse femme enceinte, aux pauvres mamans que tant de doctrines, tant de grands mots sonorés ont torturées.  Je t' en supplie, ne perds pas de vue certaines images.  Si je t' adresse cette demande, c' est que je suis, moi, cet officier qui a maltraité ta mère, qui l' accouchée, après que deux de mes camarades eussent tombé à cause d' un écriteau contre l' impéralisme américain.
  []

      thảo trường

     (p. 21 - 30    LE CRÉPUSCULE DE LA VIOLENCE)



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     vài dòng tiểu sử tự viết.

    " ...tên khai sinh: Trần duy Hinh.  Sinh ngày 25. 12. 1938 ( theo âm lịch, ghi năm Bính tý, 1936) tại huyện Mỹ lộc, tỉnh Nam định. ( Bắc bộ.) . Cựu SVSQ [sinh viên sĩ quan] khóa 6, Trường Võ khoa trừ bị Thủ đức.; cấp bậc sau cùn: thiếu tá Quân lực VNCH, ngành An ninh.  Năm 1975,  làm tù binh 16 năm 4 tháng + 4 ngày.
         đã xuất bản trước 1975 , ở trong nước : 14 -- viết, và xuất bản ở hải ngoại : 8 -- bản thảo chưa xuất bản : 5.  
        năm 1993, sang Mỹ đoàn tụ cùng gia đình; cư ngụ tại vùng đầm lầy Bolsa Chica (t.p. Huttington Beach".  
        [ qua đời 2010 ở Hoa Kỳ.]                             -THẢO TRƯỜNG-      
       ( trích VIETBAO ONLINE)


                                         thảo trường  [i..e. trần duy hinh  1936- 2010- usa]
                                                            (photo courtesy of VIETBAO ONLINE)

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