' lame de fond' de linda lê, entre le fait divers et la fable incestueuse/ emily barnett (www. lesinrocks.com)
'lame de fond' entre la fait divers
et la fable incestueuse
emily barnett
linda lê en 2010 (photo renaud monfourny)
Linda Lê, née en 1963 à Dalat. Son père est un ingénieur
originaire du Nord Viêtnam et sa mère d'une famille aisée
naturalisée francaise. Linda Lê a passé les premières
années de son enfance à Dalat. En 1969, la famille
part à Saigon pour fuir la guerre. En 1997, elle quitte
le Viêtnam pour la France et arrive au Havre avec
sa mère et ses soeurs. Em 1981, elle s'installe à Paris
pleine d' ambition, suit les cours de khâgne au lycée
Herni IV, puis s'inscrit à là Sorbonne.
Oeuvres: Un si tendre vampire (1988) --Fuir (1987)
Solo (1988) etc ... WIKIPEDIA
Une femme percute son mari infidèle en voiture
et le tue. Linda Lê donne la parole à un superbe quator, à la croisee
du fait divers, de la fable incestueuse et du roman aur l'exil.
Un mort nous parle. Enterré au cimetière de Bobigny, Van quatragénaire parisien, se livre à un examen de conscience. Il soupèse le poids de ses fautes, un gramme de veulerie, trois grammes d'adultère. Précisions que son écart de conduite lui a valu de finir HS sous l'Austin de son épouse.
Problème de freins. Souci de lieu surtout: chacun sait qu'on se retrouve raraemment dans un roman de Linda Lê sans y laisser sa peau.
Marquée par le deuil, son oeuvre l'est résolument,voire farouchement. Dans Les Évangiles du crime, titre qui l'a révellée en 1993, l'édifice romanesque reposait sur un chai^ne de disparitions. In memoriam, en 2007, faisait figure d'oraison funèbre autour d'une romancière suicidée. Même ses écrits plus personnels tricotent un vide: Lettre morte (1999), adressée à son père défunt, ou À l'enfant que n'aurai pas (2011), sondant une autre forme de néant.
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Rencontre vec PointG, à
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Schweppes BPM à Lyon
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Grégory Darsa, alias Point G, sera à l'affiche de la date
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La mort délie les langues
Chez Linda Lê pourtant, la mort ne fait pas irruption pour museler le vacarme de la vie. C'est l'inverse: elle délie les langues, libère la parole et peut-e^tre aussi la vérité des e^tres. Ainsi, au monologue de Van succedènt ceux de sa mai^tresse Ulma, de sa femme Lou, et de Laure, sa fille. Quatre voix comme autant de citadelles imprenables, enfermées dans leur point de vue. Laure se pare de hardes gothiques et de shoote à Marilyn Manson en traitant son père de vieux con. Laure affine sa défense en plaidant la thèse de l'accident. Ulma s'invente un psy imaginaire pour dire sa détresse intime.
Lame de fond dit la méconaisance de l'autre, l'incommunicabilité dans une famille. À ceux qui tiennent la bien nommée cellule familliale pour une patrie, la romancière d'origine vietnamienne oppos un éternel sentiment de sollitude. L'étrangeté au monde est le socle de ses livres.
Il peut sembler paradoxale qu'il soit ici beaucoup question de communautés: le Paris bobo où le couple a fait croi^tre son amour -- elle frai^che normalienne engagee dans l'humanitaire; lui, correcteur nihiliste et exile politique après la prise de pouvoir des Nord-Vietnamiens en 1975 -- mais aussi une Bretagne franchouillarde et raciste, le Belleville chatoyant et cosmopolite òu Van se sent si bien, ou encore une terre pelée, symbolique des idéaux excès de Mai 68.
Des destins trop dissembables pour dialoguer.
Linda Lê peint les différentes facettes d'un Hexagone turbulent ou réact, chaleureux ou crevard. À l'intérieur,, les destins sont si dissemblables qu'ils ne peuvent dialoguer. Les points de discorde sont multiples: générationnels, culturels, géographiques. Seule une géméllité miraculeuse pourrait renverser cet ordre. C'est l'hitoire et la clé de Lame de fond, qui substitue alors au fait divers une fable incestueuse troublante.
Nouer les fils, emberlificoter des vies en silence: Linda Lê accomplit cet exploit de livre en livre. Ses pharses avancent lisses, policées, cadenassées parfois. La romancière se pose en domptueuse de mots, elle qui confie avoir toujours su mieux écrire le francais que sa langue natale. Son impassibilte de ton n'est pourtant qu'apparente. Cette prudence devant les affects trop clairs est là pour endiguer une folie, celle qui dort sous la forme trop simple d'un titre mais affleure subtilement à chaque page. []
Emily Barnett
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Lame de fond (Christian Bourgeois éditeur, 280 pages, 17 Euro.)
http://www.lesinrocks.com/2012/09/07/livres/lame-de-fond-linda-le11292280/
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