vài đoạn thơ lẻ của tahar ben jelloun trong tâp poésie complète 1966- 1995
vài đoạn thơ lẻ của nhà văn tahar ben jelloun
trong tập poésie complète 1966- 1995
đường bá bổn giới thiệu
Lời dẫn.-
Poésie complète. À la poésie, il nous faut toujours revenir pour faire cesser le bruit que font l' illusion et le désespoir, pour être dans l' essentiel sans tapage, pour rester voisin de l' enfance en ce qu' elle peut avoir de troublant, de vrai et de juste, pour parler avec la mère même si la mienne ne sait lire ni écrire, être avec elle, écouter et écrire. Pourquoi rassembler en un seul volume tout ce que j'ai écrit en poésie depuis 1966? Peut- être pour faire un bilan et savoir si je peux encore, comme dit Aime Césaire, " m' installer au coeur du vivant de moi-même et du monde". Parce que mes premiers textes sont des poèmes, dictés par la colère, par le besoin de réagir contre le mensonge et la trahison.
Tahar Ben Jelloun
một tập thơ dày 571 trang, kích cỡ 14 x 29, do nhà xuất bản Gallimard ấn hành năm 1995, giá bìa 149 f ( nặng ) . Những trang giấy còn thơm mùi mực do tác giả đem từ Pháp sang Hànội họp, nhân dịp đại sứ quán Pháp ở Hànội tổ chức Le temps des livres . Trong số các nhà văn : Olivier Rolin, Dédier Éribon ... riêng Tahar Ben Jelloun ( 1944 - ) là văn sĩ Pháp gốc Ma-rốc.
viết văn bằng tiếng Pháp, cùng vợ + 3 con sinh sống tại Paris, viết tiều thuyết đã xuất bản đâu đó chừng 2, 3 chục đầu sách , được giải Goncourt, và chỉ lá tác giả một tập thơ duy nhất : THƠ TOÀN TẬP 1966- 1995 .
không chỉ thích Aimé Césaire, còn rất thích Ainsi parlait Zarathoustra / Nietzsche , Journal de bord II / Georges Seferis.. mà chàng dẫn đôi câu làm đề từ trước mỗi đoạn thơ .
buổi diễn thuyết ở Hànội, ông ta không nói về thơ, và , tác giả L' enfant de sable* không phải tay diễn giả hùng biện.
tôi đọc thơ ông ta bên hồ Tây , lại được nghe tiếng chuông chùa Trấn quốc , tự nói một mình: " thơ ông này hay tuyệt !".**
chưa dịch ra việt ngữ được, mời bạn tạm đọc thơ nguyên tác pháp ngữ của Jelloun vậy .[]
ĐƯỜNG BÁ BỔN
SAIGON, SEPT. 6, 2013.
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* đã được dịch sang tiếng việt
**. nơi trang 3 POÉSIE COMPLÈTE 1966- 1995:
À l' occasion ' Le Temps des livres' , je suis [ reviens ] à Hanoi après 41 ans [ années] et j'ai vu l'auteur de cette poésie complète dans une causerie littéraire au Alliance francaise [ à Hanoi ].
Hanoi, 2 .10. 1995.
THEPHONG
1. La mémoire coupable
moi
chameau
né trois décennies avant l'hégire
parole égarée
dans l' histoire
mêlée au sang de l 'arbre
sans racines
sans patrie
je veille sur les enfants qui viennent de nai^tre
sur un lit de cendre
j' affirme
légitime la violence du peuple palestinien
étoile vagabonde
espoir suprême
moi
chameau
ici s' échève ma dernière solitude
Étoiles voilées et nuages retournés
dans la mémoire defunte
Parue de la mort
blanche
nue dans l' herbe
Tombent des syllaabes en decrépitude
caillots de sang
ils se souviennent.
(...)
L'aube
écouter
ne searit-ce qu'une fois
le chant d' une source dans nos veines
le chant de l' étoile semée dans l' oubli
la main qui avance
ce fait don d' un quartier de lune
écoutez
le coeur de Ghassane Kanafani*
une moitié d' orange
un coeur étonnant
un livre
òu l 'espoir est une gazelle
une femme assise
dans l' aube éclatée
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* écrivain, poète palestinien, assassiné en juillet 1972 à Beyrouth par un commnado sioniste ( T.B.J.)
ce corps porte en lui
monts et dunes
une romance et quelque parfum
un désert vert
et un poème qui chante
un rocher migrateur à l'ombre de l'olivier
écoutez la légende
racontée par la vielle jument la mort
elle
a fait
du ciel notre lit en fleurs
elle
a corrompu le soleil
qui nous donne la cécité fatale
mais nos yeux
sont de la nuit
et de l'aube teinte de douleur
la blessure est ailleurs
dans la nudité de la solitude
dans les noces avec la mort
écoutez
le chant de l'oiseau égaré
entre l' exil et les sables
écoutez
le désert se retirer de votre rêves
les journaux
des représailles
des corps dynamités
la haine veille
elle vous serre la poitrine
la nuit désespérée
se couche dans vox yeux
le jour démembré
se replie dans l'écume souveraine
l' oubli
se lèvera avec soleil
il a plu ce matin de la cendre
sur la ville
à Munich
(....)
( p. 111 - 121)
3.- Nouvelles du pays
De mon pays
m'est parvenu le jour
parfumé de music dans un drap de feuillage
Dans mon pays
on ne prête pas,
on partage
Un plat rendu
n ' est jamais vide;
du pain
quelque fèves
ou une pincée de sel.
L' enfant anonyme
Un enfant anonyme
s' est endormi dans un lit de poussière
la joue mangée par la terre
les doigts frê^les
transparents
désignent la mer
Il se prenait pour un navire
et lancait des torpilles
en papier et pour rire
dans un ciel vie
il aimait l' école
et les fenêtres
Dans dix ans j' aurai une barbe
et je serai capitaine
dans cinq ans
j' aurai des chaussures
et un costume de laine
dans cinq ans
je ne dessinerai plus la mer
sur la tôle de notre chambre
mon père aura plus d'un cheval
et ma mère sera reine
ma petie soeur aura une i^le
un diadème et des cerises
Quand j'aurai appris l' hisToire
la science et les navires
je partirai sur l'eau
dans une chemise de soie
sur un lit de couleur
Nous habitons une toute petite maison
une cage recouverte de cartons et de plames
c' est une chambre plantée
comme une bouteille renversée
dans une terre de pierres
Il rêvait
un jour
il descendit dans la rue avec des camarades
comme eux il leva le poing
pur défier le ciel amer
et les Forces de l' Ordre
Son petit corps avait peu de sang
léger
un papillon écrasé
perdu dans de grandes savates
rêve abrégé
perdu dans da grandes savates
rêve abrégé
rendu au regard lumineux
d 'un enfant anonyme
vite enterrée.
(p. 261- 264)
Un asile dans ce visage
Un pays dans la douleur qui repose
une ride tracée par l' eau
sur cette terre lasse
c' est un chemin d' argile et de pierres inutiles
un petit corps
les yeux mangés par le soleil
me montre la maison
des briques rouges entassées
c' est un chien affamé
nous n' avons pas d' électricité
mais nous aurons l' eau l' an prochain
nous avons des fenêtres
et pas de vitres
nous avons une maison
et pas de toit
mais
j' ai un nid de cigogne
des brindilles et une comète
un sabre pour la nuit
j' ai des figues et des olives
dans une jarre bleue
j' ai un peu de terre
pour faire une colline
et un roseau pur courir
maison inachevée
un mensonge de la pauvreté
et une robe de nostalgie
une ligne blanche dessinée
par la brume à l' issue de la nuit
le père est absent
l' horizon est un naufrage
dans une main émue
une naissance
c' est l'enfant endormi
dans les limbes de l' attente
c' est le fils de' l'absent
nommé au septième jour
manque et silence
aussitôt partagés
un chêne se penche et frôle
le visage et la pierre
vagabonds
dans cet enclos contre le vent
au milieu de la cour
la mère fait le pain
entre les jambes écarteés
un grand plat en terre
le pain du jour a le gou^t de la terre
et la terre a fait de cette maison
un refuge pour l' oubli
le pays est de l' autre côté
une rumeur lointaine
un rêve déchu
dans cette maison
une jeune fille aux seins nus
ferme les yeux à la lumière retirée
le crépuscule captif
des bras fragiles
sa main s' attarde dans ce miroir
où passent le jour et un cavalier
la chevelure ous l' eau d'une source
statue oubliée ou sirène malade
une larme un arbre un collier
de perles sur le lit
la mariée s' est endormie
dans un manteau d' images
sur le banc de marbre
du jardin andalou
elle enlève ses bagues
et joue du piano
des moineaux et des poèmes
tombent de l' arbre
sur un escalier suspendu
le cavalier porte un chapeau de paille
un aigle sur l' épaule
la mariée est une statue
légère sur un cheval qui court vers la mer
le vent fait tomber la bougie
un ange renverse la jarre
et s'éloigne
comment dire les années rudes
des hommes sans terre
et des enfants sans le rire
un peuple mutile
assis sur la pierre
pour une petite vie
étroite et raide
un ciel d' images et d' ombre
dans la tête penchée
au seuil de la forêt
derrière le mur à peine fêlé
juste auprès la nuit
au moment où les petites étoiles
visibles chutent dans les flots
l' enfant a trouvé du travail
il a hérité la boi^te du cireur
devenu chef de la bande
une prairie d' oiseaux morts
sépare la ville de la pierre
quel destin pour ces gamins
du pays insolent
préféré de la tyrannie solaire
déplacant l' été vers la brume de poussière
la mort aveugle
passe légère
s' arrête à l' aube
ell vielle la bâtisse du sommeil
ce pays de manque et d' attente
perd la patience de vivre
brutal le geste ds hommes
où sont la pudeur du matin
le sourire des morts
et les longs silences du regard?
où sont les visages hérités
de la larme cé1este?
la main aui bat
la femme l' enfant
ne s' arrête plus sur le sable
pour s' émerveiller
il est un fleuve
qui traverse les avenues
fleuve anonyme
emportant la nuit et la ville
il se retire à l' est
et donne aux enfants un visage et des énigmes
la terre saigne
inclinée
comme tant de violence détournée
toutes les mains se sont posées
sur le corps d'un adolescent
" martyr à dix huit ans, Mohammed Grina a succcombé le 24 avril 1979
des suites des tortures "
toutes les mains impatientes
ont déposé une part de lumière
sur un visage étonné1
il voyage à pre1sent dans l' extre6me douceur des choses .
TANGER, JUILLET 1979
( p. 268 72 )
XII . Les pierres du temps
Les pierres du temps
Pour oublier les vents
venus saupoudrer ma misère
et me prendre les enfants qui déterrent les coeurs chauds
j'ai du^
me rouler dans une voile d' été
linceul rouge ou blanc
pour ne plus abriter
des chameaux aveugles
nés d'un naufrage étrange
abandonnés dans une marre de goudron
pour me rappeler
ma naissance
détériorée
des enfants amants de la terre
marchent le pied nu sur l' argile humide
le dessin trace
sur aile d' oiseau migrateur
Quand Nachoube le vieux pêcheur est mort, emporté par l'écume
grise, on lui fit des funérailles grandioses.
Les chats avaient pleuré
La mer se retira du chant et la lune veilla longtemps sa tombe .
Bouderbala, Prophète de la sagesse et de la vérité
Il possédait la clé de la ville.
Mai^tre des mers et des pêcheurs.
Le beau cimetière du monde
Captif du soleil et du murmure des vagues.
( p. 493- 94)
Paris
Sur la colline le thym et l' olivier
un homme regarde la mer
le bleu traverse un visage aimé
disparu avec les pluies d' été
dans le sommeil et la source
un champ
et le rire foudroyé
l' oubli ans un ciel
murmure d' automne
la nuit
est le souvenir d' une forêt claire
la main se retire du rêve
et vient tremper dans l' argile des mots
là sur un quai
dans une rue penchée
un homme est assis
il regarde la Seine
dans la défaite des corps
l' herbe est déjà épaisse
sur l' eau tiède de la mort
c'1est une image
pour la douleur souveraine
sur ce visage qui s' absente
un paysage à la splendeur précoce
et des pierres pour la citadelle
quelques mots de sable
un parfum d' ambre
le ciel habité par des hommes amaigris
corps dansant sur le rive du songe
c' est la lumière et la chute
dans ce regard suspendu
à la haute dune.
Paris est ce visage rêvé á côté de la nuit
mais cet homme dressé en le poème
s'est levé
il marche sur les quais
telle une statue aux yeux peints
à l' horizon
un miroir se vide de ces images .
PARIS, 8 NOVEMBRE 1979
( p. 503- 04)
tahar ben jelloun